Technique de photo sous-marine en plongée spéléo

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Principe

La plupart des photos visibles sur ce site on été faites d'une manière originale. Une sorte de multi flash / pause B bien connu des spéléos revu à la sauce numérique.

Le principe est simple. Je mets l'appareil sur un pied et j'utilise un petit système maison pour garder le bouton de déclenchement enfoncé. Une fois le pied positionné, le cadrage choisi, j'enclenche la prise de vue continue et je pars avec mon phare éclairer la galerie sous tous les angles. Il m'arrive aussi de poser le phare et d'aller me mettre dans la lumière afin d'avoir un plongeur sur la photo. Cela permet de donner une échelle, et même parfois tout simplement de se rendre compte qu'il y a de l'eau ...

De retour à la maison, je dispose d'une série d'images du siphon éclairé en différents endroits. Grâce à photoshop et à beaucoup de patience, je reconstitue une photo complète avec un éclairage homogène.

Le ressel

Plan ressel Grand puit du Ressel Cela faisait un an et demi que cette photo me trottait dans la tête, je rêvais de ramener une image d'un des plus beaux endroits que je connaisse. A chaque fois que j'y retourne, la même impression de bonheur, de solitude, d'éloignement, d'ivresse se mêle à la beauté du lieu et me subjugue. Ramener cette photo était pour moi un défit ...

Il s'agit du puit numéro 4 du Ressel, situé à environ 400 m de l'entrée, soit grossièrement une demi heure à la palme. Il descend de -25m à -45m, et son diamètre doit tourner autour des 10/15 m. Rien d'insurmontable, mais ce n'est pas une petite plongée ...

Après de nombreux essais montrant le potentiel de la technique, mais dont je n'étais qu'à moitié satisfait, il devenait clair qu'il me fallait un appareil reflex pour faire une photo de bonne qualité. C'est donc avec le canon 350D emprunté à mon père dans un caisson récupéré et adapté tant bien que mal que ce matin là j'allais faire ma nouvelle tentative. En plus de l'appareil et de son caisson, du pied et du phare (subatec 2x400W), j'avais bien sûr mon matériel de plongée: un bi 2x12l, et deux relais de 9l. Par un heureux hasard, je disposais aussi d'un scooter Apollo, qui allait grandement me faciliter la tâche.

La Plongée

matos Après avoir vérifié tout mon matériel, le grand moment était venu. Mon bi sur le dos, les deux relais bien positionnés, l'appareil sur son pied pré-réglé pour la photo, le phare en sus, je suis sacrément chargé ! Mais grâce au scooter, j'appuye sur la gâchette et m'engage dans la galerie sans efforts, comme par magie.
Les parois défilent, tout se passe à merveille, je n'ai qu'à profiter du spectacle. La bifurcation arrive, je m'engage dans le shunt (galerie parallèle plus étroite mais moins profonde), cela me permet d'économiser mon air et mes paliers. Un quart d'heure s'est déjà écoulé, je laisse mon premier relais au milieu du shunt, passe sur le deuxième, et continue ma route. Deux puits magnifiques me permettent de rejoindre la galerie principale. Je suis maintenant à 300m de l'entrée, à une vingtaine de mètres de fond. Encore un puit, quelques mètres de galeries, et j'arrive à la tête du puits tant convoité.

ressel 6 Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps. Je pose mon scooter et mon deuxième relais sur le fil, commence à déplier le trépied tout en me dirigeant vers l'endroit où je dois le positionner. Il reposera en équilibre précaire, sur deux gros blocs de roche, mes précédents essais m'ont convaincu que c'était le meilleur endroit. Quelques plombs stabilisent l'engin tant bien que mal. J'effectue le cadrage comme je peux (mes lampes de casque ne me permettent pas de voir bien loin), enclenche la rafale, et allume le phare.

ballade dans le puit Ça y est, c'est du pur bonheur ! Je me ballade dans cet espace gigantesque en apesanteur totale - seul -. Les parois de calcaire blanc sculptées par l'érosion apparaissent dans toute leur splendeur. Je les balaie méthodiquement avec mon éclairage. Chaque déplacement du phare fait prendre une dimension particulière à l'endroit, les ombres se dessinent, bougent, dansent ...
Je repère une arrête rocheuse, y cale les projecteurs, et me dirige dans la lumière. Aujourd'hui je ferais le photographe et le modèle ! Je prie pour être bien exposé, tout se fait au jugé ...

Il est maintenant temps d'aller éclairer le fond du puits. Ma descente est lente, je tourne sur moi même calmement, toujours la photo en tête, il me faut un éclairage homogène. L'ivresse des profondeurs amplifie mon bien être, j'arrive au fond. Le départ de la galerie basse est devant moi - 45m de profondeur - je profite pleinement de ces instants mais il est déjà temps de remonter. Trois quart d'heure que je suis parti. Je n'ai que de l'air et un vieil ordinateur de plongée, les paliers vont être long.

Ballade dans le puit 2 Ballade dans le puit 3 Ballade dans le puit 4 Ballade dans le puit 5

De retour en haut du puits, j'ai le plaisir de voir que mon appareil est toujours debout, et qu'il prends encore des photos, à priori c'est dans la boite ! Je replie le trépied, me l'attache sur un coté, récupère mon relais, le scooter et prends le chemin du retour. L'euphorie est toujours présente, s'y mêle la joie d'avoir peut-être enfin réussi cette prise de vue. Je suis plongé dans mes pensées, le temps passe vite, me voilà déjà en vue de mon autre relais. Je le récupère et reprends ma route.

Une heure un quart que je suis parti, je suis proche de la sortie mais il reste les paliers. Trois quart d'heure collé au plafond, à faire encore quelques essais avec le peu de batteries qu'il me reste. Le froid fini par se fait sentir, voilà maintenant 2 heures que je suis immergé, mais ça y est. Je peux retrouver la surface, l'air libre, la lumière, tout s'est bien passé, je suis heureux.

De retour à la maison

Ce n'est pas tout, il reste du travail ! Je dois maintenant farfouiller dans les quelques 400 clichés pris pour trouver les photos qui me serviront au tableau final. Deux journées rivées à photoshop plus tard, le résultat est là. C'est encore perfectible, mais c'est de loin ce que j'ai réussi de mieux !

Epilogue

Je ne résiste pas, je dois partager mon plaisir. Les miracles de l'internet aidant, je poste par-ci par-là le résultat dans différents forums. Les réponses m'émeuvent, la photo plait beaucoup. Tellement que l'idée germe d'en faire un tirage et de l'emmener au congrès de plongée-spéléo. Il ne me reste que dix jours, mais la décision est prise. Après de nombreux coups de fil, je trouve un imprimeur qui peut tenir les délais. Quelques jours plus tard, le résultat est là, un beau poster, qui d'après les retours que j'en ai est fort apprécié.

L'étape suivant sera ce site, si vous désirez obtenir vous aussi un de ces tirages, n'hésitez pas. En plus de le recevoir, vous m'aiderez à m'équiper en matériel photo et -qui sait- me permettrez d'y retourner pour en réussir d'encore plus belles (Commandez le Poster)